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Jean-Paul Beaumont – L’éthique du pervers

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Après Lacan, nous appelons éthique le rapport d’un sujet à la jouissance.

Le séminaire que nous étudions cette année est en correspondance avec ce que Lacan écrira dans « Lituraterre » : nous sommes séparés de la jouissance de la Chose par un littoral/littéral qui n’est autre que l’inconscient. La position de chacun par rapport à la jouissance et par rapport à ce littoral à quoi nous où nous reconduisent la répétition et le désir définiront sa position éthique.

Si Lacan utilise le terme d’éthique, c’est pour autre chose que pour prescrire ce que doivent faire « les gens beaux » et « les gens bien ». Aussi pourquoi ne pas nous interroger sur ce qui serait l’éthique du pervers ? J’ai évité dans mon titre de dire sujet pervers pour ne pas le particulariser trop en tant que sujet. Il y a peut-être une éthique perverse qui déborde l’éthique des sujets que nous disons pervers.

Il me semble que le pervers est toujours pris dans une éthique qui lui est particulière ; mais même que nous pouvons dire que la position du pervers est fondamentalement éthique dans la mesure où il ravive le rapport à la jouissance. Ce qui n’est pas sans avoir des conséquences.

Lacan dit du pervers des choses étonnantes : le pervers, c’est l’un des modes du normal, en tant que pour lui le phallus a toute l’importance. Le pervers s’offre loyalement à la jouissance de l’Autre. Le pervers milite pour la jouissance, il milite pour supplémenter l’Autre, pour combler la faille de l’Autre. Comment nous servir de ces avancées pour poser le problème ?

Nous savons que le pervers est celui qui, jusqu’à aujourd’hui en tout cas, se sert de la loi pour faire surgir l’objet de la jouissance. Or le désir suppose l’objet absent. Parler ici de désir ne va pas de soi, et il faut noter que Lacan dans « Kant avec Sade » ne parle pas de désir quand il s’agit du pervers, mais bien de « volonté de jouissance ».

J’appelle donc pervers celui qui se sert de la Loi et du Père pour raviver la jouissance en positivant l’objet.

Je conclurai en rappelant que l’éthique perverse a tenu et tient une place essentielle dans notre histoire, mais que cette éthique, débridée de son lien au phallus et à la loi, devient dangereuse.

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